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 Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.4)

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3 participants
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Maltabius
Aspirant lettré
Maltabius


Nombre de messages : 87
Date d'inscription : 24/12/2004

Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.4) Empty
MessageSujet: Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.4)   Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.4) Icon_minitimeVen 18 Mar à 5:22

Histoire 4 : « Où l’on voit que la vérité sort toujours de la bouche des enfants »


Cette histoire est une légende que l’on raconte sur les terres de la zone neutre. Elle est destinée à mettre en garde les enfants contre le mensonge. Mais comme toutes les légendes, elle a peut-être pris vie suite à un événement réel.

Elle a pour personnage principal Erios, un jeune enfant, né dans une famille de tailleur de pères en fils. Leur travail était reconnu de tous et leur nom synonyme de qualité. C’était, à l’époque de ce récit, la septième génération qui tenait la boutique, mais les parents avaient du souci à se faire. En effet à son premier accouchement, la mère avait donné naissance à un fils dans des conditions particulièrement difficiles et ne pouvait plus avoir d’autre enfant. L’avenir de l’échoppe était donc entre les mains de cet unique enfant. Et rien ne l’intéressait moins que le métier de tailleur. L’apprentissage commençait vers l’âge de cinq ans, mais lui, était constamment perdu dans ses rêves et n’apprenait rien. A huit ans il ne savait même pas repriser une chaussette et son père désespérait. Erios ne pensait qu’à jouer, et rêvassait du soir au matin. Malgré des journées entières passées avec son père à la boutique, il ne progressait pas du tout. A treize ans il était encore débutant. Il s’enfuyait fréquemment et passait ses après-midi seul dans la nature, s’inventant une nouvelle vie.

Son imagination était très fertile, et il s’imaginait sans cesse de nouvelles existences peuplées d’amis imaginaires. Il était tour à tour, chasseur de tarentules, vêtu d’une armure rutilante, brandissant une épée immense, puis navigateur, à la tête d’une armada, terrassant des élémentaires d’eau. Un jour guerrier luttant aux cotés de son prince, l’autre sinistre assassin guettant sa proie au détour d’une sombre ruelle. Il luttait alternativement aux cotés puis contre les plus grands aventuriers des Terres de Lorndor.
Les autres enfants ne l’appréciaient guère, rejetant ce doux rêveur qu’ils ne comprenaient pas. Bien souvent l’incompréhension entraîne l’exclusion. Ils se moquaient de lui qui préférait rêvasser seul plutôt que de jouer avec eux. Ils en venaient même parfois à le pourchasser pour s’amuser. Erios s’enfuyait alors, et une fois seul, se replongeait dans un nouvel univers.

C’est lors d’une de ces après-midi de rêveries, que perdu dans ses pensées, marchant sans but, il tomba sur une vieille bâtisse abandonnée. Elle était impressionnante. La façade était en bois sombre, presque noire, comme brûlée. Les fenêtres et la porte étaient barricadées par des planches clouées à même les murs extérieurs. Le jardin était à l’abandon, envahi de ronces énormes. Erios, tout d’abord intrigué, se rappela avoir entendu les anciens parler d’une maison abandonnée suite à la mort violente de tous ses occupants, mais personne n’avait jamais dit ou elle se trouvait. Et la voici soudain devant lui. Pour un passionné de l’imaginaire comme lui, cette demeure était un vrai trésor. Rien qu’en la détaillant de l’extérieur, son esprit commençait à travailler à toute vitesse, construisant, imaginant d’horribles carnages perpétrés ici même.

Frissonnant de plaisir mélangé à la peur, il se résolu de pénétrer à l’intérieur pour la visiter. Il en fit le tour et s’attaqua à une fenêtre barricadée par des planches à moitié pourries. Il eut vite fait de s’aménager un passage suffisamment grand pour se glisser à l’intérieur.
Une fois entré, il fut saisi d’un frisson de contentement. Il était comme dans le plus beau de ses rêves. Au cœur d’un lieu chargé d’émotions, ou c’était déroulé d’ignobles événements. Son cerveau était en état d’alerte maximum. Il s’imaginait déjà des morts dans chaque recoin, des massacres à la hache, des pendus à chaque poutre, des décapitations, bref il était fasciné par le lieu.
Il visita religieusement toutes les pièces, savourant sa peur, testant son courage, allant jusqu’à descendre dans le noir total de la petite cave sous la maison. Il grava dans son esprit, tout ce qu’il vit, puis rentra chez lui avec de quoi rêver de nombreuses heures durant.

Les jours qui suivirent, il était sur un petit nuage, encore plus déconnecté de la réalité que d’habitude. Il se mit à poser des questions à tous les plus vieux de son village au sujet de cette maison, et il se rendit compte très vite que personne ne racontait la même chose. L’un parlait d’incendies se déclarant spontanément, l’autre d’un tueur fou qui aurait occupé les lieux, untel racontait qu’un homme y avait tué toute sa famille, un autre que la maison forçait ses occupants à se pendre. Mais, en définitive, personne n’était sûr de rien et tout n’était que suppositions et légendes. Erios s’inventa donc sa propre version.
Il imagina que la maison appartenait à un monstre humain. Un être immonde et terrible qui capturait ses victimes la nuit tombée, et les ramenait dans son antre pour les achever après de nombreuses tortures. Erios le voyait très grand, mesurant près de deux mètres, d’une force colossale, capable d’étrangler un homme d’une seule main, vêtu de haillons, le visage lardé de cicatrices et le corps à moitié brûlé, sachant manier la hache et le couteau avec la dextérité du meilleur boucher. Il le baptisa Kaârg, et ce nouvel être imaginaire pris la place de tous les autres. A la moindre brimade de son père, il l’imaginait tombant entre les mains expertes de Kaârg. Dès que d’autres jeunes le chahutaient, il les voyait enfermés dans la maison abandonnée avec son héros.

A partir de ce moment, il essaya de se rendre au moins une fois par semaine dans l’antre, pour ranimer la flamme de ses souvenirs. A force, il avait fini par connaître chaque recoin de la demeure. Il arrivait tôt le matin, et toute la journée, il jouait à être Kaârg, il déambulait dans la maison, traînant ses victimes fantômes par les cheveux, les égorgeant, éclatant de rires tonitruants. Il ne revenait chez lui qu’à la nuit tombée, effrayé par la moindre ombre, mais ravi de vivre cette peur si vivifiante.

Mais au village, les jeunes avaient repéré son manège, et ils décidèrent un jour de le suivre pour voir ce qu’il pouvait bien faire de ces journées où il disparaissait. Restant à couvert, ils le pistèrent jusqu’à ce que la maison soit en vue. Ils le virent entrer à l’intérieur en faisant le tour par derrière. Ils étaient six, mais aucuns d’eux n’avait déjà vu cette sombre demeure, pourtant ils la reconnurent tout de suite comme étant la maison de l’horreur dont les anciens parlaient souvent au village. Ils étaient pétrifiés de voir qu’Erios était entré comme ça et aucun d’eux n’esquissaient le moindre mouvement. Il se passa bien dix minutes avant que le plus courageux ne prenne la parole : « Bon, allez on rentre. Ca ne doit pas être si terrible que ça, l’autre nabot y est entré tout seul. »

En file indienne, ils s’approchent de l’arrière de la maison et voient le trou par lequel Erios a disparu. Ils entrent alors, peu rassurés, tremblants de tous leurs membres. Mais leur nombre fait leur force, et ne voulant pas passer pour un pleutre, aucun d’eux ne dit un mot. La maison les glace d’horreur, et des images de meurtres leur passent dans la tête. D’après le bruit, Erios est au sous-sol, ils se mettent donc à descendre les marches qui mènent à la cave, peu rassurés. Erios est là, au milieu de la pièce, il a revêtu une espèce de cape difforme et va et vient dans la pièce en grommelant. Il semble possédé. Ils sont tous d’abord interdit, surpris, mais en l’écoutant ils comprennent qu’il se prend pour un grand assassin. Il semble parler à un autre être invisible.
« Tu comprends Kaârg, mon père m’empêche de te rejoindre ici, il veut me faire travailler dans son échoppe. Moi qui suis un grand meurtrier, tu me vois couper des étoffes, et faire de la couture ? »
Erios ne les a pas remarqué, il est perdu dans ses pensées. A force de l’espionner, ils comprennent qu’il invente tout ce qu’il raconte, et commencent à sourire de le voir ainsi, se prenant pour un autre. Finalement la peur fait bientôt place et l’amusement, et ils reprennent confiance en eux. Le chef improvisé de ce petit clan finit pas éclater d’un grand rire sonore, entraînant ses camarades à le suivre. Erios, surpris, s’immobilise d’un coup, et se retourne vers les escaliers. Il découvre les six individus. Ce sont des jeunes du village qui le persécute habituellement. Il est saisi par la honte, comprenant qu’ils se moquent de lui.
Il crie :
« Que faites-vous ici !!! Partez ou bien vous allez le regretter »
Mais il est bien peu sûr de lui. Il est seul, acculé au fond d’une cave, n’ayant plus d’échappatoire, avec six vauriens prêts à lui faire subir de nouvelles humiliations. Il sait déjà qu’il va passer un sale quart d’heure, et que ce quart d’heure risque de se prolonger.
« Alors, Erios, tu t’amuses tout seul ?? Tu joues à la poupée imaginaire ?? Tu as un nouveau copain fantôme ?? »
« NON !! Ce n’est pas un fantôme ! C’est Kaârg, c’est un grand guerrier, un assassin redoutable. Et vous êtes dans sa maison. Attendez qu’il vous attrape et il vous tuera !! »
Ils bondissent alors sur Erios en riant aux éclats. Ils ont vite fait de l’immobiliser et de le relever. Trois d’entre s’occupent de le tenir, pendant que celui qui est leur chef s’approche d’Erios. Il s’appelle Fustil et son père est le chef de la garde du village.
« Allons, allons Erios, calme toi. Tu vois bien que tu es seul ici. Seul avec nous six. Tu sais ce que ça veut dire ? Tu vas encore de te faire gronder par ton fainéant de père en rentrant avec tes vêtements déchirés. Et ta pauvre folle de mère va encore passer la nuit à soigner tes plaies. »
« Non, non, laissez moi !!! Il va venir. KAÂRG !!! KAÄRG !!! À moi !!!! »

Alors, soudainement, il se produisit une chose terrible. Un souffle glacial emplit la pièce, les pétrifiant tous sur place. La lumière de la maison s’affaiblit, et un claquement sec leur indiqua que la porte de la cave venait de se refermer. Inquiets, ils tendaient l’oreille vers les escaliers en pierre, et des bruits de pas leur parvinrent. Des pas lourds, pensants, très lents. BLAM ! BLAM ! Ils étaient totalement immobiles, tous les sept, Erios étant aussi surpris qu’eux, se demandant si c’était bien ce à quoi il pensait qui était en train de se produire. BLAM ! On entendait distinctement le bruit de dents qui s’entrechoquaient, venant de deux des six agresseurs d’Erios. Un autre commença à s’uriner dessus. BLAM ! La panique les gagnait tous, au fur et à mesure que l’ombre dans l’escalier se rapprochait. BLAM ! D’ou ils étaient, ils ne pouvaient voir que les dix dernières marches, et la chose qui descendait allait bientôt leur apparaître. BLAM ! Un pied gigantesque. BLAM ! Puis un deuxième. Ils voyaient à présent les deux bottes de cuir bouilli. BLAM ! BLAM ! Deux jambes dans un pantalon de cuir trop court. BLAM ! BLAM ! La taille de l’homme apparaît. Il porte une large ceinture où pendent plusieurs scalps, et à laquelle est attaché un immense couteau rouillé. BLAM ! BLAM ! Il est torse nu, et sa peau est recouverte de cicatrices immondes et de brûlures terribles. Ses bras sont énormes et il tient un manche en bois dans sa main droite. BLAM ! BLAM ! Il arrive enfin sur le sol de la cave et se tourne vers le petit groupe.

C’est incroyable, Erios n’en revient pas. Il est exactement comme il l’avait imaginé. C’est Kaârg, maintenant il en est sûr. Son visage est à demi caché par une cagoule de bourreau, mais on voit luire ses yeux sanguins dans la pénombre. Il porte une hache géante sur l’épaule, et un rictus lui déforme le bas du visage. Erios a aussi peur que les autres, car lui, il sait que si Kaârg ressemble aussi bien mentalement que physiquement à celui qu’il avait fabriqué dans sa tête, alors ils sont en face d’un véritable monstre, uniquement motivé par le sang. Le fauve humain se met à leur grogner : « Comme c’est gentil à vous de m’éviter d’avoir à vous pourchasser. »
C’est le signal d’une panique générale dans la petite cave. Tous les sept se mettent à hurler en cœur. Il n’y a pas même une fenêtre par laquelle s’échapper, pas un trou ou se cacher. Ils sont tels des lièvres pris au piège au fond de leur terrier par un prédateur affamé. Erios est pétrifié, il ne quitte pas Kaârg des yeux, tremblant de tous ses membres. Les autres, hurlant de terreur se précipitent dans tous les sens, essayant de mettre le plus de distance possible entre eux et le monstre. Celui-ci lève sa hache et fonce au milieu de la cave. D’un formidable coup latéral, il en tue deux en un instant, les sectionnant au niveau de la taille. L’un de ceux qui reste en profite pour essayer de forcer le passage dans son dos, mais Kaârg est très vif, et tendant le bras en arrière, le saisit par le cou. Un craquement sinistre leur indique que sa nuque vient de céder entre la main du géant. La panique saisissant le chef du petit groupe, il fonce alors sur Kaârg, en le frappant de ses mains. Mes elles sont comme de petites caresses sur le torse puissant du barbare. Il esquisse un sourire et, tirant son couteau rouillé de sa ceinture, il le lui plante dans le ventre, le soulevant du sol. Erios n’a toujours pas bougé, dans ses yeux les bribes de conscience qui lui restent sont en train de disparaître. Son esprit traumatisé est en train de disjoncter. Les deux anciens tortionnaires d’Erios encore en vie, sont recroquevillés dans un coin de la pièce, se tenant à bras le corps, pleurant à chaudes larmes. Kaârg, sans aucune pitié se rue sur eux, et d’un coup puissant les décapite.

Il est seul avec lui à présent. Erios ne bouge plus, un filet de bave lui coule du coin de la bouche, ses yeux emplis de larmes sont devenus tout à fait fixes. Il regarde vers Kaârg, mais c’est comme si sa vue passait à travers l’assassin immobile. Le géant s’avance et se plante devant lui.
« Grâce à ta foi en moi, j’ai pu reprendre vie. Je te suis donc redevable. Appelle moi lorsque tu auras à nouveau besoin de mes services. »
Puis dans un nouveau souffle glacé, Kaârg disparaît soudain, laissant Erios dans un état proche du coma, tel un mort vivant, transformé en statue.

C’est dans cet état que les chasseurs du village le découvrirent.
Après une nuit mouvementée dans la petite ville, sept enfants ayant disparus, une battue avait été organisée. Au bout de quelques heures, les anciens suggérèrent d’aller voir à la maison abandonnée au fond des bois, car Erios leur posait souvent de nombreuses questions à son sujet. C’est ainsi qu’ils découvrirent le spectacle d’horreur dans la cave. Erios fut retrouvé, au milieu des cadavres, une hache à ses pieds. Il fut immédiatement ramené au village, toujours silencieux. Il eut droit à un procès succin, et ne parlant pas, les yeux toujours figés droit devant lui, il fut condamné sans se défendre. Malgré son jeune âge, il fut exécuté le jour même pour les crimes horribles de six enfants. Ses parents horrifiés ne le pleurèrent pas, et ainsi se termina sa vie. Il contribua bien malgré lui à la légende de la maison de l’horreur.

Et voilà, encore une histoire qui se termine, essayez de ne pas trop y penser lorsque vous vous endormirez ce soir, et guettez avec attention le prochain volume des contes à lire le soir au coin du feu.
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Sekikator
Master Torturer



Nombre de messages : 631
Date d'inscription : 29/10/2004

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MessageSujet: Re: Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.4)   Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.4) Icon_minitimeVen 18 Mar à 10:29

excellent
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clemfab
Millionnaire
clemfab


Nombre de messages : 462
Date d'inscription : 18/12/2004

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MessageSujet: Re: Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.4)   Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.4) Icon_minitimeSam 19 Mar à 17:31

pareil
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MessageSujet: Re: Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.4)   Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.4) Icon_minitime

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Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.4)
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