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 Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.3)

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2 participants
AuteurMessage
Maltabius
Aspirant lettré
Maltabius


Nombre de messages : 87
Date d'inscription : 24/12/2004

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MessageSujet: Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.3)   Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.3) Icon_minitimeMar 1 Mar à 20:33

Histoire 3 : « Où pourquoi il ne faut jamais passer de pacte avec un inconnu. »

Ceci est l’histoire d’un pacte diabolique, je l’ai entendue sur les terres de Lorndor. Elle se raconte le soir à voix basse, au coin d’un bon feu. Je n’ai aucun moyen de vérifier sa véracité, mais elle est si effrayante qu’elle ne peut être que vrai.
Elle se passe il y a tout juste dix ans, et a lieu sur les Terres de la zone libre. C’est l’histoire d’un jeune homme, disgracieux, qui souffrait de son apparence. Il s’appelait Murgos. Il était venu au monde bossu et assez laid de visage. Il avait un bec de lièvre, les yeux globuleux surmontés de gros sourcils, un nez en forme de pomme de terre, et les oreilles décollées. Il avait des cheveux filasse et clairsemés. En un mot comme en cent, il était laid.
Il fut le souffre douleur de tout ses petits camarades, et resta seul durant toute son enfance, préférant une vie à l’écart de tous, plutôt que de supporter la discrimination. A l’adolescence, son apparence ne s’arrangea pas. Et à l’âge ou tous les garçons se mettaient en chasse de l’amour, lui ne tenta même pas sa chance, persuadé qu’il n’y gagnerait que nouvelles brimades et moqueries. Il se contentait de vivre solitairement, écrivant de sombres poèmes mélancoliques. On lui attribue d’ailleurs ces quelques vers qui reflètent bien son état d’esprit :

« Je suis le monstre de la nuit,
J’erre toujours en vain sans un bruit,
Ma vie ressemble au fond d’un puit,
Ou bien à l’ombre d’un réduit.
Quand on me croise, je m’enfuis,
Mais la honte me poursuit,
Je n’ose sortir qu’à minuit,
Ou sous une torrentielle pluie,
Je vit toujours dans l’ennuie,
Je suis le monstre de la nuit. »

Sa vie prit pourtant une nouvelle tournure un soir d’hiver. Alors qu’il s’apprêtait à sortir se promener à la nuit tombée, il entendit frapper doucement à sa porte. C’était un vieillard rabougri et tremblant de froid, il l’invita à entrer dans sa modeste masure pour se réchauffer. Le vieil homme lui raconta qu’il avait été visiter son fils et qu’il revenait d’un long voyage. Il avait loupé la correspondance au dernier poste de diligence et plutôt que d’attendre toute la nuit dans un endroit mal famé, il avait pris le parti de rentrer chez lui à pied. Mais la nuit l’avait surpris et il s’était retrouvé transis de froid et à moitié perdu. Murgos lui offrit alors de partager sa soupe et de rester chez lui pour la nuit. Il lui promit aussi de le raccompagner le lendemain.
Ils passèrent toute la soirée à discuter, Murgos se confiant à cet inconnu qui ne le jugeait pas, il lui raconta les brimades, les insultes, et sa vie recluse. Le vieil homme lui avoua que lui aussi vivait solitairement, mais dans un grand manoir. Sa famille l’avait abandonné et même ses propres enfants refusaient de le recevoir. Il avait d’ailleurs tenté ce soir de renouer avec son plus grand fils, mais sa porte était restée close. Il avait toujours était très avare, et maintenant qu’il souhaitait se racheter, tout le monde refusait son repentir.
Ils s’endormirent très tard et Murgos fît un rêve étrange.

Il était chez le vieil homme, dans son manoir. Une bâtisse immense, et froide à la fois, décorée avec très peu de meubles, mais tous de magnifiques ouvrages. Le sol tout en marbre, de grands escaliers en bois précieux, des lustres énormes suspendus un peu partout. Le vieil homme était assis en face de lui et lui proposait un bien surprenant marché. Il se vantait d’être un grand sorcier, et lui expliqua qu’il pouvait mettre fin à ses tracas. Il pouvait faire de lui le plus beau des hommes, le métamorphoser, le rendre si séduisant que toutes les femmes succomberaient à sa vue. Il lui suffirait pour cela d’incanter une formule et le tour serait joué. Mais en contrepartie pour remplir sa part du marché, Murgos devait faire une promesse. Le jour de sa mort, son âme appartiendrait au vieillard. Il lui expliqua que grâce à son sortilège, Murgos ne mourrait pas totalement à la fin de sa vie. Il se réincarnerait en une sorte de fantôme, et devrait alors promettre de servir le vieil homme, pour que celui-ci ne soit plus jamais seul. Rien de bien méchant, il devrait juste faire en sorte que celui-ci ne s’ennuie plus, le distraire par sa compagnie. Murgos accepta. Puis le vieillard récita une formule : « Par les puissances occultes, que cet homme soit transformé en Apollon, que mes pouvoirs le métamorphose. En échange il jure de me servir à sa mort, et promet de se mettre en quatre pour me faire oublier mon ennui »
Murgos murmura : « Je le jure ». Un éclair illumina tout et il se réveilla dans son lit.
Il était dans sa pauvre maisonnette, et le vieil homme avait disparu. Il se dit qu’il avait dû s’endormir la veille après son repas et rêver tout ceci. Il se leva, courbaturé, s’étira, encore perturbé par son rêve.

Le jour était levé depuis assez longtemps semblait-il, et il décida qu’il était temps de sortir chercher de quoi remplir son garde manger. Il se mit donc en chasse, et parti relever ses collets dans la nature. Il trouva deux lapins et après une heure de travail, il décida de rentrer. Mais il eut la désagréable surprise de trouver tout un groupe de jeunes gens sur son chemin. Il était presque arrivé chez lui, et plutôt que de se cacher, comme à son habitude, il se résigna à les croiser, prêt à encaisser les quolibets. Mais arrivé à leur niveau, leurs comportements furent étranges. Tous baissaient les yeux à son approche, il cru que sa vue était si horrible qu’ils détournaient le regard, mais ils paraissaient plus impressionnés qu’effrayés. Une jeune fille leva le regard et il la toisa de défis, mais loin de grimacer, elle sourit doucement en rougissant. Il poursuivit sa route, intrigué en les entendant chuchoter dans son dos. Il se retourna brusquement, et vit les jeunes filles glousser de contentement. Il était intrigué. Il fronça les sourcils et rentra chez lui. Soudain l’illumination vint. Et si ? Mais oui ça ne peut être que ça ! Le sort. Ce n’était pas un rêve finalement ? Murgos couru chercher un grand plat en terre et y versa de l’eau à ras bord. Il se pencha au dessus, et le plat lui échappa des mains de surprise. Il ne se reconnaissait pas. Il était d’une beauté à couper le souffle, ses yeux étaient magnifiques et on y voyait le reflet de son âme. Son visage entier était proche de la perfection, et son corps était comme sculpté par le plus doué des créateurs. Il se mit à pleurer, pensant déjà à la fin des humiliations.

A partir de ce jour, sa vie changea du tout au tout. Personne ne pouvait le reconnaître et il devint bientôt l’un des hommes les plus en vue de Baduk. Toutes les femmes lui courraient après, toutes rêvaient de lui. Plus aucunes ne pensaient à épouser leurs fiancés respectifs, espérant qu’un jour le bel inconnu choisirait l’une d’entre elle. Il quitta sa modeste masure, et grâce aux nombreux cadeaux que lui faisait les riches familles souhaitant qu’il épouse leurs filles, il s’installa dans un petit château. Son existence devint vite un vrai rêve. Il profita allégrement de ses charmes pour envoûter toutes les jeunes célibataires de Baduk. Mais il ne souhaitait pas les épouser, non, son but était de briser leurs cœurs. Il se vengea ainsi de longues années d’humiliations. Il détruit de nombreux couples, fit sombrer de nombreuses vierges, certaines mettant même fin à leur jour lorsqu’il les rejetait.
Bien vite il comprit tous les avantages qu’il pouvait tirer de la situation. Il se fit accepter dans la noblesse des Terres d’Argent, et devint l’une des personnes les plus riche. Tellement riche qu’il ne savait plus comment dépenser ce qu’il gagnait. Il se fit tailler les plus beaux costumes, augmentant encore son aura de séducteur. Mais il s’ennuyait ferme. Avec le succès qu’il avait, plus aucune femme ne lui faisait envie. Toutes à ses pieds, toutes mielleuses, toutes soumises, aucune qui ose soutenir son regard envoûteur, aucune ne l’attirait plus.
Il se contenta alors de les détruire toutes, de façon machinale, sa vengeance étant depuis longtemps consommée. Mais à ce compte là, il se fit rapidement de très nombreux ennemis. Sa beauté incroyable, et l’intérêt que lui portait les femmes, avait déjà succité une grande jalousie chez les hommes, mais personne n’avais jamais tenté quoi que ce soit contre lui car il était si charmant qu’il les impressionnait tous. Mais au fur et à mesure que ses conquêtes se succédaient, il y eut nombres de maris jaloux et de pères déçus pour leurs filles, qui se mirent à lui en vouloir à mort. Le soir, les hommes se retrouvaient à la taverne et une sorte de conspiration vit le jour. Alors que l’enchantement du vieillard avait changé sa vie depuis à peine deux ans, son existence fut interrompue de façon brutale. Après une nuit passée à boire à l’auberge, un groupe composé d’une vingtaine d’hommes décida d’aller régler son compte à Murgos. Ils se rendirent chez lui au petit matin, enfoncèrent sa porte et le surprirent dans ses appartements, encore endormi. Alors, ivres de colère et de boisson, ils le poignardèrent à tour de rôle jusqu’à ce que son dernier souffle se soit envolé. Il n’eut pas le temps de souffrir.

Murgos sombra alors dans le néant. Il était comme au fond d’un gouffre, allongé sur le dos sans pouvoir bouger. Tout était noir autour de lui, il ne voyait pas même ses membres. Au loin, au dessus de lui, il lui semblait qu’une petite voix chevrotante l’appelait : « Murgos, Murgos ! » Il ne pouvait pas la distinguer clairement, pourtant la petite voix paraissait se rapprocher : « Murgos, Murgos ! » Non, en fait, c’est lui qui s’avançait vers la voix, il remontait du fond du gouffre, il s’élevait dans les airs de plus en plus vite : « Murgos, Murgos ! » Encore plus vite, le vent sifflant à ses oreilles, les quatre membres toujours figés : « Murgos, Murgos !!! » Il arrivait à la surface, enfin la libération : « Murgos !!!! Réveille toi !!! »

Il ouvre les yeux, Murgos est dans une pièce de très grande taille, taillée entièrement dans une pierre noire, des torches aux murs. Il fait froid et humide, et l’air est chargé de puanteur. Il est attaché sur une immense table en chêne par des sangles en cuir lui écrasant le torse et le bassin. Ses poignets et ses chevilles sont pris dans des anneaux de fer forgés, eux même fixés à quatre chaînes. Ces chaînes sont reliées à quatre golems de terre, fixées à un collier qui les emprisonne. Ces monstres tournent le dos à Murgos, regardant chacun vers l’un des quatre points cardinaux. Ils ont les bras et les jambes enchaînés, les yeux bandés par un cercle de métal leur entourant la tête et semblant rivé à même leur crâne. En face de Murgos apparaît alors le vieillard avec qui il avait passé le pacte le transformant en superbe bellâtre.
« Ho ! Vieil homme, que ce passe-t-il ? Quel est ce lieu ? »
Le vieillard ne répond pas, il se contente de lever la main droite, et il claque des doigts. A ce bruit, les quatre golems se mettent en marche, chacun dans la direction qui leur fait face. Les chaînes se tendent brutalement et en un instant, les membres de Murgos se retrouvent complètement distendus. La douleur est terrible, il sent ses articulations qui craquent et cèdent les unes après les autres. Sa souffrance dure cinq minutes mais dans ces conditions chaque minute lui paru une éternité. Puis les membres arrachés il meurt, se vidant de son sang.
Puis il se réveille. Il est revenu dans la salle, les quatre golems attendant l’ordre du vieillard, comme si il avait reculé de dix minutes dans le temps.
« Qu’est-il arrivé ? Ho mon dieu quelle douleur »
Le vieillard se met alors à rire aux éclats, d’un rire chevrotant, et machiavélique. A ses pieds un nuage de fumée se forme et des volutes montent le long de son corps, le recouvrant peu à peu. Son rire se transforme progressivement, il devient de plus en plus rauque et guttural.
Il est maintenant complètement masqué par la fumée et Murgos voit la silhouette du vieil homme qui commence à changer. Il grandit, s’épaissit, il se transforme en un homme de très haute stature, son rire est devenu puissant et les murs de la salle en tremblent.
« Qui êtes vous, que me voulez vous ? »
« Tu ne me reconnais pas Murgos ? Pourtant nous avons passé un pacte il y a quelques mois. J’ai tenu ma parole, tu es ici pour tenir la tienne »
« Mais ce n’était pas ça ma promesse. Je devais te tenir compagnie. »
« Je te rappelle les termes du pacte Murgos. Tu as juré de te mettre en quatre pour me faire oublier mon ennuie, alors tu vas te faire écarteler pour l’éternité. MOUAHAHAHA !!!! »
La fumée se dissipe et Murgos reconnaît l’homme qui se tient maintenant devant lui. C’est le grand démon en personne. Il comprend qu’il s’est fait berner par ce pacte, il comprend qu’il est coincé ici pour des siècles et des siècles. Il comprend qu’il est devenu le jouet du prince du mal. Il comprend que sa souffrance va être terrible. Alors il hurle. Il hurle à s’en casser les cordes vocales, il hurle à s’en briser les tympans, il hurle pendant que le diable hilare, lève la main et claque des doigts.

Voilà, le récit que l’on m’a fait. Alors amis, faites bien attention à qui vous croisez sur les terres de Lorndor. Et ne passez jamais de pacte avec un inconnu, sous peine de le regretter éternellement.
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Sekikator
Master Torturer



Nombre de messages : 631
Date d'inscription : 29/10/2004

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MessageSujet: Re: Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.3)   Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.3) Icon_minitimeMar 1 Mar à 21:26

encore encore
tres bon comme d'habitude thumright
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blattli
Invité




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MessageSujet: Re: Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.3)   Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.3) Icon_minitimeMer 2 Mar à 14:23

je veux le vol.4 !!

je viens de finir tes trois contes, ils sont très bien écrits, sympas et m'ont fait passer un bon moment. Continue !
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MessageSujet: Re: Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.3)   Petit conte à lire le soir au coin du feu (vol.3) Icon_minitime

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